Avec notre correspondante à Lahore, Gaëlle Lussiaà-Berdou
Dans la nuit du 4 au 5 février, Karim Khan raconte qu’une quinzaine d’hommes, certains en uniforme de policiers, d’autres en civils, ont surgi chez lui et l’ont emmené de force. Il vient de passer les neuf derniers jours menotté dans une cellule. On l’a frappé à la tête, aux mains, aux pieds. Devant les caméras, il soulève sa longue tunique noire pour montrer les ecchymoses sur ses bras. Il a cru sa dernière heure venue.
« Je voulais rentrer chez moi, revoir mes enfants, ma famille. Je me suis dit ça y est, je vais mourir ici. Je me suis demandé ce qu’ils feraient de mon cadavre. Je ne pouvais pas croire, mais je me demandais s'ils allaient me tuer et rendre mon corps à ma famille », dit-il.
Pendant ces séances de torture, on lui a présenté des noms. Parmi eux, Karim Khan a reconnu des victimes des tirs de drones américains. Puis vendredi matin, ses ravisseurs l’ont jeté hors d’un véhicule, les yeux bandés, sur une route de la banlieue d’Islamabad.
Le militant se dit incapable d’identifier ses kidnappeurs.
Son avocat, lui, montre du doigt les services secrets. Karim Khan est connu au Pakistan. Son fils et son frère ont été tués en 2009 par un tir de drone. Depuis, il a déposé une plainte contre la CIA et le gouvernement pakistanais pour leur rôle dans ce programme controversé.