Avec notre envoyé spécial à Téhéran, Sami Boukhelifa
La voix est discrète, presque masquée par la guitare. Au micro, Sarah, 24 ans, son foulard à moitié sur sa tête, chante devant des dizaines d’inconnus. Un acte a priori banal mais pas en Iran. La loi est claire : une femme n’a pas le droit de chanter devant des hommes. Sarah : « Je chante parce que je sens qu’il y a une sorte d’ouverture en ce moment. Le nouveau président Rohani tolère qu’une femme chante en public à condition qu’il n’y ait pas d’instruments qui l’accompagnent ».
« Je contourne les règles depuis 23 ans »
Sur scène, un guitariste accompagne pourtant la jeune chanteuse. En cas de contrôle, le gérant du café risque la fermeture de son établissement mais Mohammad Javad Arizade assume pleinement son choix : « Je contourne les règles depuis 23 ans. Ce n’est pas aujourd’hui que je vais m’arrêter même si le nouveau président Rohani est plus ouvert que son prédécesseur, sa vision des choses ne correspond pas forcément à celle des jeunes ». Dans ce café, les groupes se succèdent même si jouer d’un instrument musical en public est interdit. Les chansons sont d’ailleurs diffusées à la télévision, en mode radio, sans l’image.