Avec notre correspondant à Bangkok, Frédéric Belge
Ce n’est pas dans ses habitudes, mais à crise exceptionnelle, réaction exceptionnelle : Yingluck Shinawatra, la Première ministre de Thaïlande, s’est exprimée ce mardi à la télévision les larmes aux yeux. Elle a soutenu qu’elle continuerait à assurer l’intérim jusqu’aux prochaines élections qui se dérouleront le 2 février prochain, ponctuant son allocution télévisée en sanglots : « Nous sommes tous Thaïlandais, pourquoi devrions-nous nous blesser les uns les autres ? J'ai fait beaucoup de concessions déjà et je ne sais pas quoi faire de plus. Que l’on soit juste avec moi ».
C’est la première fois que la chef du gouvernement laisse apparaître tant d’émotion dans son discours. Jeu d’acteur ou véritable signe de la pression qui s’exerce sur les épaules de celle qui était à cent lieues du monde politique il y a trois ans à peine, on ne sait pas.
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Propulsée par son grand frère comme leader du parti Puea Thai en 2011, alors qu’elle gérait paisiblement l’empire financier de la famille, la Première ministre a su traverser sans heurts ses deux premières années de mandat jusqu’à la proposition d’amnistie générale, il y a quelques mois, qui a mis le feu aux poudres.
Alors que son parti vient de déclarer hier qu’il voterait pour la reconduction de Yingluck Shinawatra comme chef de file du parti aux prochaines élections, cette dernière semble accuser le coup. Déjà il y a une semaine, elle s’était exprimée contre certains manifestants qui s’en étaient pris verbalement à son jeune fils à l’école, invitant le mouvement d’opposition à laisser en dehors des combats politiques sa famille.
Suthep Thaugsuban, le meneur des manifestants, lui, n’en démord pas et continue à exiger la tête de la Première ministre d’ici à ce mardi soir 22 heures, sous peine de continuer les manifestations.