Avec notre correspondant à Belgrade, Laurent Rouy
Le Premier ministre Ivica Dacic a employé les mots « péché » et « injustice » pour décrire le traitement réservé à Jovanka Broz, la veuve du maréchal Tito, contrainte à vivre trente-trois ans dans un logement insalubre, oubliée de tous. Enterrée samedi dans l’enceinte du musée de Yougoslavie, à côté de Tito, Jovanka Broz a été saluée par 10 000 anonymes, venus de toute l’ex-Yougoslavie pour déposer une rose sur la tombe.
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Parmi les admirateurs, Kristina 17 ans, qui n’a pas connu la Yougoslavie socialiste. « Mon grand-père m’a raconté comment était la vie à l’époque. Et je pense qu’on vivait beaucoup mieux à l’époque qu’aujourd’hui, dit-elle. Je suis vraiment triste. C'était la dernière icône de la Yougoslavie fédérale et socialiste, et là, elle est partie ».
Jovanka Broz, ancien officier de l’armée des partisans, a aussi reçu les honneurs militaires pendant que des haut-parleurs diffusaient Bella Ciao, la chanson des résistants italiens.
Beaucoup de visiteurs arboraient insignes et drapeaux de la Yougoslavie socialiste. Pour eux vient de disparaître le dernier témoin d’importance de cette époque où la Yougoslavie comptait dans la politique mondiale. De cette période, il ne reste rien. Pour preuve, cinq des six anciennes Républiques, aujourd’hui indépendantes, n' ont pas jugé utile d'envoyer de représentants à la cérémonie.