Pakistan: Malala Yousafzaï fait l'unanimité partout sauf dans son pays

La jeune Malala connaît une renommée planétaire après avoir été grièvement blessée par les talibans en octobre 2012. Son combat pour l’éducation lui a valu des prix, tous plus prestigieux les uns que les autres. Les Nations unies ont fait de son anniversaire, le 12 juillet, la Journée Malala. Mais dans son Pakistan natal, les sentiments à son égard sont mitigés.

Avec notre correspondante à Islamabad, Gaëlle Lussiaà-Berdou

Au Pakistan, la pauvreté, le manque d’infrastructures et les mentalités conservatrices tiennent plus de la moitié des enfants loin des salles de classe. Pour plusieurs, ici, le cas de Malala Yousafzaï a permis de sensibiliser au besoin de scolariser ces enfants, et les filles en particulier.

Bina Shah est auteure et militante féministe. Elle confie : « C’est d’autant plus vrai que la situation économique du Pakistan est mauvaise en ce moment. Les gens se rendent de plus en plus compte qu’en gardant la moitié de la population à l’écart de l’espace public et du monde du travail, on retarde d’autant le progrès de cette nation. »

Pourtant, face à la renommée grandissante de la jeune fille, les Pakistanais sont divisés. Khadim Hussain dirige une fondation qui lutte pour l’éducation des filles dans la province d’origine de Malala, le Khyber Pakhtunkhwa, berceau des talibans, où elle compte bon nombre de détracteurs.

« On dit par exemple que Malala parlait en mal des rebelles et que c’est pour ça qu’on l’a attaquée. Ou on externalise le problème en disant que cette attaque a été planifiée ailleurs. Une personne sur trois croit à ces théories du complot », estime Khadim Hussain.

Entre accusations de récupération et de conspiration, plusieurs reprochent désormais à la lycéenne de faire le jeu des puissances occidentales et de ternir l’image de leur pays.


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