Avec notre correspondante à Phnom Penh, Stéphanie Gee
L'esplanade de la Liberté a été prise d'assaut par une foule bigarrée de plusieurs dizaines de milliers de personnes à l'humeur enjouée mais combative. Pour des centaines d'entre eux, comme Chhim Vorn, pas question de retourner dans leurs villages.
« On est venu à dix voitures de la province de Pursat et on va tous dormir ici ce soir ! ». La veillée s'organise sous des tentes, de la nourriture est distribuée aux supporters. Les autres militants les retrouveront le lendemain.
Tang Sothy, un membre actif de l'opposition, se réjouit : « Jusqu'à maintenant, cette première journée de manifestation est pour nous un succès. »
En effet, aucune des injonctions des autorités n'a été suivie. Au-delà du nombre de participants, près de cinq fois supérieur à celui autorisé, l'interdiction de camper sur l'esplanade après 18 heures a été ignorée, tout comme celle d'organiser des marches impromptues dans la capitale. Les autorités ont laissé faire.
Dans l'après-midi, des tensions surgissent non loin du Palais royal, entre un groupe de manifestants et les forces de police. Jets de pierres accueillis par des lances à eau et des gaz lacrymogènes, et la crainte d'une escalade de violences.
Quand soudain, une clameur joyeuse s'élève, annonçant l'arrivée sur les lieux de Sam Rainsy, le chef de file de l'opposition. Il appelle les jeunes au calme, leur explique que la violence n'est pas nécessaire et qu'il la condamnera. Et il les invite à rejoindre l'esplanade de la Liberté. La crise est désamorcée. Aucun faux pas n'a été commis avant la tenue lundi matin d'un autre round de négociations entre l'opposition et le parti au pouvoir.