Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
C’est le quatrième haut responsable de l’industrie pétrolière chinoise à faire ainsi l’objet d’une enquête en une semaine. Cette fois, on monte encore d’un cran. Jiang Jiemin était non seulement jusqu’en mars 2013 le président de la Compagnie nationale de pétrole de Chine (CNPC), c’est surtout le premier des directeurs de l’organisme de régulation des actifs de l’Etat (Sasac) - un poste de niveau ministériel - a être ainsi soupçonné de « grave violation de la discipline » du parti comme l’affirme ce matin l’agence Chine Nouvelle. Après la pharmacie et les télécommunications, les pétroliers sont donc à leur tour plongés dans la tempête.
Commissions occultes
Quatre autres dirigeants du pétrole chinois sont actuellement interrogés par les enquêteurs : deux vice-présidents de Pétro China Ran Xinquan et Li Hualin, ainsi que le géologue en chef du groupe Wang Daofu. Même chose pour Wang Yongchun, l’un des cinq vice-président de CNPC. L’industrie pétrolière chinoise est connue pour ses pots-de-vins. Des pratiques prises au pied de la lettre lorsqu’il s’agit d’onéreuses bouteilles de bajiu – l’alcool national - mais qui vont aussi jusqu’à d’importantes commissions en liquides reversées au donneur d’ordre sur des contrats d’équipements notamment. Longtemps considéré comme un Etat dans l’Etat, les géants du pétrole ne connaissent pas la crise. Sinopec (troisième grand groupe public qui semble pour l’instant épargné), est, pour la neuvième année consécutive, en tête de l’édition 2013 des 500 plus importantes compagnies chinoises. Le classement a été publié, hier, samedi par la Confédération des entreprises sur la base des chiffres d’affaire réalisés par les groupes en 2012.
Purge
Cette campagne anti-corruption dans l’industrie pétrolière sert aussi des intérêts politiques. Jiang Jiemin comme la plupart des dirigeants incriminés sont des proches de Zhou Yongkang qui, selon des fuites parues dans la presse de Hong Kong, pourrait lui aussi faire l’objet d’une enquête. Le South China Morning Post affirmait lundi que l’annonce serait faite lors du 3e plénum du parti en novembre prochain. L’étau semble ainsi se resserrer autour de l’ancien chef du tout puissant ministère de la sécurité publique ; lui-même étant considéré comme un parrain du dirigeant déchu Bo Xilai, dont le procès pour corruption vient de s’achever dans la province du Shandong (est du pays). Le verdict est attendu dans les jours qui viennent.