Chine: la presse officielle critique le manque de repentance de Bo Xilai

Deuxième journée du procès - et probablement la dernière - de Bo Xilai à Jinan dans l’est de la Chine. Le dirigeant communiste déchu est revenu sur ses aveux et a nié en bloc, hier, les charges de corruption et d’abus de pouvoir qui pèsent contre lui. La presse officielle condamne, ce vendredi matin 23 août, le manque de repentance de l’accusé et loue la transparence du procès.

Avec notre envoyé spécial à Jinan, Stéphane Lagarde 

La « dernière folie et l’hypocrisie » de Bo Xilai, c’est ainsi que titre le Guangming (la Lumière) ce matin. « L’attitude de Bo a été inconvenante, il a tout nié et s’est contredit en reportant sur les autres les faits de corruption dont on l’accuse. C’est ridicule, c’est même la chose la plus ridicule du monde », affirme ce site officiel lié au Parti communiste chinois.

Les procès politiques en Chine montrent généralement un accusé désabusé et repentant, tout le contraire de l’image combative donnée par le « prince rouge » déchu. «  C’est un procédé digne de la Révolution culturelle, s’emporte le professeur de droit He Weifang sur son compte Weibo. Au tribunal, il est normal qu’un accusé se défende et se contredise ». Le Quotidien du peuple qui considère l’ancien apparatchik comme un « acteur », fustige ces « contradictions » dans son éditorial  : « Les preuves sont solides contre Bo Xilai, et le fait qu’il se contredise va le faire tomber », titre l’organe officiel laissant peu de doutes quant à l’issue du verdict.

Transparence encadrée

Les comptes rendus d’audience ont pour la première fois été publiés sur les réseaux sociaux : c’est un gage de « transparence » et de « respect du droit », clament en chœur les médias d’Etat. Pour l’avocat Song Wenli au contraire, « l’Histoire n’oubliera pas cette période où les Chinois n’avaient pas le droit de s’exprimer ». La transparence ayant ses limites, certains avocats, contactés par RFI, ont confié avoir été interdits de parler à la presse étrangère sur ce procès.

Ce matin, les internautes raillent également le peu d’intérêt porté par la cour intermédiaire numéro 3 de Jinan à son compte officiel Weibo où, contrairement à hier, les comptes rendus d’audience sont ce matin réduits à leur strict minimum. « Le juge annonce le début d’audience et les pauses , mais ce qu’on attend c’est qu’ils nous montrent des preuves », ironise l’avocat Xu Xin qui compte 93 000 abonnés sur son compte Weibo.


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