Avec notre correspondant à Hanoï, Victor Guillot
Pour faire simple, le décret rendu public bannit les actualités des réseaux sociaux et des blogs, et notamment de Facebook, particulièrement visé par les autorités de Hanoï.
Aucun utilisateur n'aura désormais le droit de partager des informations liées à un site internet d'information par exemple, ou encore à une agence de presse, ou à un blog traitant de l'actualité. Avec un grand bénéfice pour les utilisateurs, selon le décret, celui de pouvoir disposer « d'informations correctes et propres ».
Le pouvoir vietnamien semble clairement vouloir limiter l'intérêt des réseaux sociaux et des blogs, en les transformant en simples sites d'échanges d'informations personnelles, destinés à accueillir par exemple la dernière photo de son chat ou le nouveau clip d'un chanteur à la mode. Voilà pour la théorie.
Un décret difficile à appliquer
En matière d'Internet, le Vietnam a toutefois souvent du mal à faire appliquer ses lois. Le décret doit entrer en vigueur en septembre et on voit mal comment, d'ici là, le gouvernement vietnamien peut avoir les moyens de ses ambitions.
D'abord parce que cela nécessite de surveiller en permanence des millions de pages Internet. On recense plus de 30 millions d'internautes au Vietnam, soit plus d'un tiers de la population. Plus de 12 millions de personnes utilisent Facebook, sans compter les blogs dont le nombre augmente chaque jour.
Le pouvoir vietnamien ne dispose sans doute pas des infrastructures pour réaliser cette surveillance, même s'il compte demander directement aux fournisseurs d'accès l'adresse IP des internautes ne respectant pas la loi.
Autre élément à prendre en compte, c'est la force de réaction de l'internaute vietnamien. La censure est tellement une habitude pour lui qu'elle est intégrée à l'usage quotidien d'Internet. Lorsque le site de Facebook était bloqué, tous ici savaient comment contourner l'interdiction et continuer d'utiliser le réseau social. Avec l'application de ce nouveau décret, ce sera sans doute la même chose.
Un geste lourd de symboles
On est arrivé à un stade où le pouvoir communiste assume complètement et pleinement la censure qu'il exerce. Certes, la loi sera sans doute difficile à appliquer, mais les autorités n'hésiteront pas à faire des exemples, comme c'est le cas actuellement pour les blogueurs qui osent aborder les sujets sensibles et sont arrêtés pour propagande contre l'Etat.
Mais finalement, peut-être que le plus important à retenir de ce décret signé par le Premier ministre, c'est qu'il traduit la peur. La peur d'un régime communiste qui ne supporte plus de voir un discours d'opposition se répandre sur la toile et n'a pour l'instant pas trouvé d'autre solution que de s'enfermer dans l'arbitraire et le tout répressif.