Avec notre correspondante à Moscou, Anastasia Becchio
La Cour suprême de Russie a réduit de deux mois la peine de prison de Mikhaïl Khodorkovski et de son associé Platon Lebedev, emprisonnés depuis 2003. La décision de la Cour a été accueillie par un mélange d’abattement et d’incrédulité dans la salle d’audience.
« Deux mois » qualifiés de « vexant pour le pays entier » par Boris Khodorkovski, le père de l’ancien patron de Ioukos, présent à l’audience. Son fils ne devrait donc sortir que l’année prochaine, au terme de dix ans et dix mois de prison.
Une justice sélective et absurde
Mikhaïl Khodorkovski, en veste foncée, portant un badge avec son nom et sa photo, a assisté impassible à l’énoncé du jugement, d'une cellule de la colonie du nord-ouest de la Russie, d’où il était branché en visioconférence. Au cours de l’audience, Mikhail Khodorkovski a prononcé un discours de 10 minutes. D’une voix calme et posée, il s’est lancé dans une attaque en règle contre une justice « sélective et absurde » selon ses termes : « depuis l'affaire Ioukos, le parquet et le comité d'enquête sont devenus, avec la télévision, les principaux instruments de la politique intérieure », a-t-il lancé.
La défense de Khodorkovski et Lebedev, qui réclamait l'annulation de la deuxième condamnation et leur libération « immédiate », a déclaré qu'elle allait sans doute encore faire appel. Elle étudie la possibilité de saisir le Présidium de la Cour suprême.