Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Cette nouvelle arrestation est la dernière d’une longue série. Depuis l’intronisation de la nouvelle équipe dirigeante à la tête du Parti communiste chinois (PCC) en mars dernier, vingt-six militants des droits de l’homme ont été interpellés, toujours pour le même motif : « trouble à l’ordre public ».
Xu Zhiyong, 40 ans, enseigne le droit à l’Université des postes et télécommunications de Pékin. Il est surtout connu pour avoir initié le « mouvement citoyen » en 2003, des juristes attachés à la défense de l’Etat de droit et à la justice sociale.
Plusieurs fois incarcéré, Xu Zhiyong est devenu la bête noire des autorités, car à chaque fois il s’appuie sur le droit pour pointer les contradictions du régime et le non-respect de la Constitution chinoise.
En avril dernier, Me Xu avait ainsi signé une lettre ouverte réclamant la libération de trois militants anticorruption accusés de « rassemblements illégaux » dans le Jiangxi (ouest de la Chine) ainsi que celle d’autres activistes interpellés pour avoir exigé que le patrimoine des hauts fonctionnaires soit rendu public. Depuis, impossible pour lui de prendre l’avion pour Hong Kong et même de quitter son domicile pékinois. D’où l’ironie de son avocat : « Comment un homme assigné à résidence peut-il troubler l’ordre public ? », s’interroge Me Wang Weiguo, cité par le Guardian.
Au lendemain de son investiture, le président Xi Jinping avait pourtant déclaré lancer une guerre contre la corruption, visant à la fois « les mouches et des tigres », autrement dit tous les niveaux de l’appareil d’Etat. Cette arrestation est une nouvelle preuve de l’écart entre les discours et la réalité. « Le pouvoir chinois se rend bien compte que les choses doivent changer », confiait Xu Zhiyong lors de notre dernière rencontre. Le changement n’est visiblement pas pour maintenant.