Reportage à Rangoon de François Mérignac
Le clergé birman fait sa profession de foi. Agenouillés devant les plus hauts dirigeants religieux de la Birmanie, l’assemblée veut redorer une image bien écornée. Pour le jeune Ponya Thiris, la faute revient avant tout aux musulmans : « Ce sont eux qui créent les problèmes. Vous avez vu ce qui se passe en Birmanie, les violences qu’il y a ? Nous, nous voulons la paix ! Par contre, pour eux, je ne sais pas du tout ».
Certains participants ici proposent d’interdire le mariage entre bouddhistes et musulmans. Le moine Wissaydork préfère s’en tenir aux grands discours : « Nous ne voulons faire de mal à personne. Nous disons aux bouddhistes de rester pacifiques. Il faut trouver un moyen d’arriver à vivre tous ensemble dans notre pays ».
Beaucoup de ces moines ont sur leur portable un autocollant avec le chiffre 969. C’est le symbole d’un mouvement bouddhiste de plus en plus redouté. Pour le porte-parole de la conférence, Ashin Dhammapiya, 969 n’est pas le problème en soi : « En coulisses, des gens manipulent le mouvement 969 [“gouchaogo” en birman, ndlr]. Alors ça donne l’impression que des moines mènent les émeutes, qu’ils tuent, ou même violent. Ils veulent donner le sentiment qu’il y a un conflit religieux en Birmanie ». À cette réunion sur la paix entre l’islam et le bouddhisme, aucun leader musulman n’avait été invité.