Avec notre correspondant à Rangoon, Rémy Favre
« C’est discriminatoire », « contraire à la loi », « c’est une violation des droits de l’homme ». Cela faisait des mois qu’Aung San Suu Kyi ne s’était pas permis des critiques aussi directes à l’encontre du régime réformateur birman.
La législation en question vise à imposer la monogamie et à contrôler la croissance démographique de la minorité musulmane dans une région frontalière où les tensions sont très fortes entre bouddhistes et musulmans.
Là-bas, les bouddhistes se disent menacés par la pression démographique de la communauté musulmane. Certains ont d’ailleurs accueilli avec soulagement l’annonce de cette loi, qui ne s’appliquerait qu’aux seuls musulmans de deux localités frontalières.
Jusqu’à présent, Aung San Suu Kyi caressait le gouvernement birman et l’armée dans le sens du poil, afin de gagner leur confiance et d’amener les anciens généraux au pouvoir à accepter plus de réformes pro-démocratiques. Mais le rythme de ces réformes ralentit, alors Aung San Suu Kyi change son fusil d’épaule.
« Les trois dernières années n’ont pas vu de changements tangibles », a-t-elle critiqué sèchement. Une façon pour elle de mettre la pression sur le gouvernement pour l’amener à dynamiser la transition politique.