Avec notre envoyée spéciale à Charsadda, Gaëlle Lussiaà-Berdou
Sidra Ali travaille pour une ONG locale. A quelques jours des élections, elle va de maison en maison pour convaincre les femmes de ce village de voter. « Qui, parmi vous, a déjà voté ? », demande-t-elle. Une ou deux mains se lèvent parmi la douzaine de femmes présentes.
Yasmine est l’hôtesse de cette réunion : « Une fois élus, les politiciens ne font rien pour nous. On ne peut pas compter sur eux. Alors nos hommes disent que ça ne sert à rien de laisser les femmes sortir en public pour aller voter. »
Ici, l’espace public est un domaine masculin. Dans la rue, un groupe discute de politique. Parmi eux : un jeune chef de famille. Il ne laissera pas voter ses femmes : « Les hommes votent et pas les femmes. Ça a toujours été comme ça. Elles ne devraient même pas sortir de chez elles. »
Aux dernières élections, dans plus de 500 bureaux de vote, le taux de participation des femmes était quasiment nul. Elles sont non seulement tenues à l’écart des urnes, mais aussi des partis politiques. Sur quelque 4 700 candidats à l’Assemblée nationale, à peine 160 sont des candidates.