L’apparition la plus étonnante de la dernière soirée de campagne fut sans doute celle d’Imran Khan, l’ancienne vedette de cricket désormais politicien. Son Mouvement du Pakistan pour la justice a connu une popularité croissante pendant cette campagne. Mais pendant un rassemblement il y a trois jours, Imran Khan a fait une chute de plusieurs mètres et s’est blessé à la colonne vertébrale. Il est donc alité. Et c’est justement de son lit d’hôpital, par vidéo, qu’il a prononcé un discours chargé d’émotion, accueilli par une foule de partisans en délire pour qui il incarne le changement, c'est-à-dire la rupture avec les partis traditionnels.
Le principal parti qu’Imran Khan gêne, c’est la Ligue musulmane de Nawaz Sharif, l’ex-Premier ministre. La plupart des observateurs de ces élections le donnent gagnant. Jeudi soir, il a prononcé un long discours enflammé dans son fief de Lahore, où il a de nouveau promis de remettre le pays sur les rails, de réduire la pauvreté et de redresser l’économie (entre autres). Quel effet cette lutte entre les deux partis aura-t-elle sur les résultats ? Et surtout, quelle place laissera-t-elle au PPP, le Parti du peuple pakistanais du président Asif Ali zardari, au pouvoir ces cinq dernières années ? Réponse après le scrutin.
Nombre record d'inscrits
A Islamabad, le calme est revenu ce vendredi après l’enthousiasme des meetings de la veille. La plupart des écoles sont fermées pour faire place à l’organisation du scrutin. Mais la menace des talibans, dont les attaques ont fait des dizaines de morts pendant la campagne, plane sur la journée du vote. Ce vendredi 10 mai, une explosion s'est fait ressentir à Miranshah, dans la province du Waziristan du Nord, une région proche de l'Afghanistan, fief des insurgés et d'autres groupes liés à al-Qaïda. Bilan provisoire : quatre morts au moins et une quinzaine de blessés.
Il faudra observer de près la participation, pour savoir si cette menace permanente des attentats aura eu l’effet recherché, à savoir inciter les électeurs à rester chez eux. En tout cas, on sent beaucoup d’intérêt et un certain espoir autour de ces élections, qui auront finalement lieu à temps selon toute vraisemblance. En témoigne le nombre record d’électeurs inscrits : 86 millions. De bon augure pour ce scrutin qui doit marquer une transition démocratique historique entre deux gouvernements civils, dans ce pays habitué aux coups d’État militaires.