Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
C’est la réussite fulgurante des trafiquants qui a mis la puce à l’oreille des inspecteurs. Le 15 mars dernier, la police chinoise arrête une camionnette dans la province du Fujian au sud du pays. A l’intérieur : sept tonnes de viande de cochon dont l’élasticité et l’odeur paraissent immédiatement suspectes. Il s’agit en réalité d’animaux décédés des suites de la « maladie de l’oreille bleue » et de la grippe porcine notamment et achetés aux paysans pour la modique somme de 20 centimes à 1,60 yuan, soit moins de 20 centimes d’euro le kilo.
A de tels prix, la petite entreprise grossit vite. Les trafiquants louent un vaste entrepôt réfrigéré dans lequel les inspecteurs disent avoir découvert une « petite montagne de charognes », 25 tonnes de cochon de viande de porc avariée. Les deux suspects à l’origine du trafic étaient employés par le comté de Nanjin pour se débarrasser des cadavres de porcs malades de manière à éviter les épidémies.
Un fait aggravant pour l’opinion, certains internautes n’hésitant pas à demander l’exécution des suspects. Selon le Haixia Dushibao, 40 tonnes de viande de porc avariée auraient ainsi été écoulées en trois mois auprès d’abattoirs et de restaurants de Canton et des provinces du Hunan et du Jiangsi. Ce quotidien du Sud qui a révélé l’affaire est affilié à la propagande du Fujian, et cette nouvelle affaire fait suite à une série de coups de filet récents et de révélations sur les scandales alimentaires. Les autorités chinoises tentent de redorer le blason fort terni d’un secteur alors que s’ouvre demain mardi le salon international de l’agroalimentaire à Shanghai.