Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Les autorités chinoises sont d’ordinaire très rapides pour requalifier les affrontements interethniques en actes terroristes. Ici, elles ont d’abord parlé de grand banditisme.
Il était 13h30 mardi dans le comté de Selibuya (district de Maralwexi), à l’est de la ville de Kashgar, lorsque des habitants ont rencontré des personnes suspectes armées de « grands couteaux ». Selon la version des autorités, la police a alors été appelée en renfort, mais des « truands » « cachés dans la demeure » ont pris leurs dénonciateurs en otage, puis « mis le feu à la pièce où ils étaient enfermés avec de l’essence » à l’arrivée des forces de l’ordre.
« Une très grave affaire de terrorisme »
Les « agresseurs sont tous ouïghours » affirme la porte-parole de la région autonome du Xinjiang, Hou Hanmin. Celle-ci évoque « une affaire très grave de terrorisme. Les suspects auraient avoué avoir regardé des vidéos prônant la guerre sainte et auraient reçu une formation au maniement des armes ».
Au total, les affrontements ont fait 15 morts du côté des policiers et des fonctionnaires municipaux dont « 10 Ouïghours, 3 Hans, et 2 Mongols ». Six agresseurs ont été tués, huit sont actuellement interrogés par la police. Cette thèse de terroristes formés à l’étranger est régulièrement invoquée par Pékin lors de ce genre d’incidents. Les opposants ouïghours à l’étranger parlent de leur côté d’« opération de nettoyage » et de « répression » à l’encontre de la minorité musulmane.