Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
La Chine n’a toujours pas digéré la reconnaissance de Taiwan par le Saint-Siège, il y a 62 ans. Elle le rappelle ce mardi 19 mars par son absence à la messe d’installation du nouveau pape François.
Cette question taiwanaise a mis fin aux relations diplomatiques entre Pékin et le Vatican en 1951. Elle a surtout, six ans plus tard, en juillet 1957, conduit la Chine communiste a créer sa propre église indépendante de Rome.
Les relations entre les deux Etats semblaient pourtant s’être améliorées ces derniers temps. On se souvient de la lettre de Benoît XVI aux catholiques de Chine en juin 2007. Le souverain pontife avait alors proposé une sorte de pacte aux autorités chinoises. Vous acceptez la nomination d’évêques par Rome, en échange le Vatican s’engage à respecter la demande de « non-ingérence » ressassée à longueur de communiqués par Pékin.
Sans que cela soit officiel, le Saint-Siège a même laissé entendre qu’il serait prêt à sacrifier sa relation avec Taiwan contre des garanties concernant la liberté de culte en Chine.
Au final, ce dossier chinois reste comme l’une des priorités non résolues du dernier pontificat. Lors de sa dernière messe de Noël cet hiver, Benoît XVI a de nouveau interpellé directement les nouveaux dirigeants chinois, leur demandant de s’ouvrir aux religions.
« Le Vatican, combien de divisions » demandait Staline ? La Chine revendique aujourd’hui 5,7 millions de catholiques selon les statistiques officielles de l’Association patriotique des catholiques chinois, mais en réalité ils seraient près de 12 millions, dont de nombreux fidèles d’une église souterraine proche de Rome.
Malgré des améliorations, ces derniers se disent encore régulièrement victimes de persécutions. Reste à savoir, maintenant, si un pape argentin qui dit souhaiter « une église pauvre pour les pauvres », pourra changer la donne.