L'objectif des deux tribunaux mis en place en 2010 et en 2012 pour juger les responsables de ces crimes de guerre était pourtant de tourner la page de l'histoire douloureuse du Bangladesh. Mais la condamnation à la prison à vie, le 4 février dernier, contre Abdul Kader Mollah, le secrétaire général adjoint du parti islamiste Jamaat-e-Islami, a provoqué la colère des nationalistes selon lesquels ce verdict est trop clément.
Soutenus par le parti au pouvoir, l'Awami League, patriotique et laïque, des milliers de personnes ont envahi les rues de Dacca et ont créé le mouvement Shahbagh du nom de la place au centre de Dacca. Elles réclament la peine de mort pour la dizaine de dignitaires jugés par les tribunaux pour crimes de guerre.
De leur côté, les partisans du Jamaat-e-Islami sont sortis en masse pour protester violemment contre la condamnation à mort prononcée vendredi 1er mars contre le vice-président de leur mouvement. Ils contestent la légitimité de ces tribunaux qui sont, selon eux, utilisés politiquement par le parti au pouvoir pour détruire leur rassemblement.
Le PNB, le Parti nationaliste du Bangladesh, qui a déjà gouverné le pays grâce aux voix des islamistes, estime que ces procès ne sont ni équitables ni transparents. La société est divisée entre ces deux tendances, une division attisée par un nombre de morts qui ne cesse de croître et qui fait craindre une instabilité politique alors que des élections législatives sont prévues à la fin de l'année.