Avec notre correspondante à Singapour, Carrie Nooten
Europol aura beau avoir essayé de mettre la pression sur Singapour en dévoilant le pot aux roses devant les caméras du monde entier, la cité-Etat restera sur sa position. Ne possédant pas d’accord d’extradition avec l’Italie, elle n’a pas à livrer le parrain du cartel présumé être à l’origine de la majorité des matches truqués, le ressortissant Dan Tan.
Pourtant, si elle reste muette, la police singapourienne a concédé qu’elle collaborait avec les polices européennes. L’arrestation de cinq personnes l’an dernier dans d’autres affaires de paris truqués montre qu’elle est proactive sur ces dossiers. C’est l’avis de Zaihan Yusof, journaliste à The New Paper, enquêteur spécial sur ce dossier : « Je pense que depuis un an et demi, Dan Tan est dans le radar de la police. Et je suis sûr que lorsqu’ils auront assez de preuves, nos autorités l’arrêteront rapidement. »
Une question demeure : est-on sûr que Dan Tan est toujours à Singapour ? Pour Zaihan Yusof, l’homme n’a probablement pas quitté le pays. « On ne peut pas être sûr, mais je ne pense pas qu’il sera assez bête pour quitter le pays. Je sais maintenant qu’il a quitté son dernier appartement, car l’adresse avait été publiée dans le journal italien Crimona. Il n’y est plus, je pense qu’il a mis l’appartement en location. Mais je suis sûr qu’il est dans le coin. On sait qu’il aime toujours aller à son casino préféré. Ca ne fait pas sens pour lui de quitter le pays, il pourrait être arrêté. Il est plus en sûreté à Singapour. »
Sur les 680 matchs truqués identifiés par Europol, 380 seraient en fait liés au cartel de Dan Tan. Mais selon l’enquête de Zaihan Yusof, quatre ou cinq autres organisations mafieuses implantées dans la cité-Etat seraient aussi mêlées à ce que la Fifa appelle déjà le plus grand réseau de paris illégaux dans le foot.