Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles
La Constitution pacifiste interdit le déploiement de troupes à l’étranger. En 2003, il avait fallu voter une loi spéciale pour autoriser les forces japonaises à mener une action non combattante d’assistance humanitaire en Irak. D’autres entorses au pacifisme constitutionnel ont été opérées pour fournir un soutien logistique aux forces américaines présentes en Afghanistan.
La Constitution pacifiste force le Japon à s’éloigner inconditionnellement de la stratégie des Etats-Unis en Asie, sans être assuré de toute la protection américaine dans l’éventualité d’une guerre avec la Chine.
Une majorité possible ?
Modifier l’article 9 de la Constitution pacifiste qui stipule que le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation requiert une majorité des deux tiers au moins du Parlement.
La barre pour le Premier ministre Shinzo Abe est placée très haut. S’il obtient une majorité de sièges aux élections au Sénat en juillet prochain, peut-être parviendra-t-il à obtenir que la Constitution reconnaisse l’existence d’une armée. Et que cette armée de 240 000 hommes, l’une des mieux équipées du monde, connue sous le nom de « forces d’auto-défense » puisse enfin participer a des opérations de sécurité collective aux côtés des Etats-Unis qui, depuis leur retrait d’Irak et bientôt d’Afghanistan, sont en train de renforcer leur présence militaire dans une région d’Asie-Pacifique considérée comme d’un intérêt économique et stratégique vital pour les Etats-Unis.
Une volonté d’instaurer une armée à part entière qui suscite l’inquiétude dans la région
La Chine et de la Corée du Sud n’oublient pas le passé militariste japonais, ce qui n’est pas le cas de toute la région. Les Philippines qui ont aussi beaucoup souffert des atrocités japonaises durant la guerre de la grande Asie, s’inquiètent de la montée en puissance de la Chine, et souhaitent voir le Japon, à l’exemple encore de la Thaïlande, du Vietnam, de l’Indonésie, assumer de plus grandes responsabilités en matière de sécurité, compte-tenu du fait que l’Asie ne dispose pas d’un Otan, d’un système de défense collectif.
Quant aux Japonais, plus de 70% d’entre eux sont favorables à la révision d’une Constitution écrite d’une main américaine. Les Etats-Unis ne demandent qu’à voir le Japon participer plus directement à l’endiguement de la Chine en Asie.