Avec notre correspondante à Islamabad, Gaëlle Lussiaà-Berdou
Le travail de vaccinateur est une occupation risquée au Pakistan. Depuis l’été, au moins dix personnes qui participaient à des campagnes contre la polio ont été assassinées.
L’opposition au vaccin reste forte dans le pays. L’automne dernier, une grande campagne visant à immuniser 32 millions d’enfants en avait laissé un million de côté. À cause de la difficulté à les rejoindre dans des régions reculées, mais aussi parce que leurs parents s’y opposent encore souvent.
C’est particulièrement vrai dans les régions du nord-ouest du pays où plusieurs groupes islamistes ont leur fief. On y raconte que le vaccin est un complot de l’Occident, qu’il rend stérile, ou encore tout simplement qu’il est « haram », donc interdit par l’islam.
S’ajoute à ces craintes l’histoire d’un médecin pakistanais condamné l’an dernier pour avoir aidé la CIA à chercher le chef d’al-Qaida, Oussama Ben Laden, grâce à une fausse campagne contre l’hépatite. Les talibans avaient alors interdit la vaccination dans certaines régions.
Le Pakistan est l’un des trois pays du monde où la poliomyélite est encore endémique. Partout ici on croise des gens handicapés par cette maladie virale.