Avec notre correspondant à Bombay, Sébastien Farcis
Bal Thackeray a réussi à dominer la vie politique de Bombay en favorisant les habitants d’origine de la ville, les Marathis, face aux migrants venus de tout le pays, pour profiter de la prospérité de la capitale économique. Dernièrement, ce chef suprême, comme il est appelé par ses partisans, n’hésitait même plus à comparer les musulmans à un « cancer » dont il fallait débarrasser l’Inde.
Ces positions racistes sont étonnement tolérées par le gouvernement central, qui a besoin de ce parti pour pacifier Bombay. Car le Shiv Sena, un nom qui signifie l’armée de Shiva, compte une base de milliers de militants violents, capables de paralyser les usines de Bombay ou son énorme production de cinéma.
Cependant, ce mouvement extrémiste pourrait ne pas survivre au décès de son leader charismatique, selon le sociologue Dipankar Gupta : « La vieille classe moyenne de Bombay s’est ralliée au Shiv Sena car ce parti leur a offert une place privilégiée face aux migrants. Mais les jeunes ne s’identifient plus à ces idées. Le parti ne pourra également plus s’attaquer aux musulmans, car ils sont mieux organisés et peuvent se défendre. Le Shiv Sena n’a donc plus vraiment de base idéologique ».
Le Shiv Sena est aujourd’hui le premier parti du conseil municipal de Bombay, avec plus d'un tiers des sièges. Et le fils de Bal Thackeray a déjà repris la direction du parti.