La première pierre du barrage a été posée mercredi à Xayaburi, dans le nord-ouest du pays. Mais pour Marc Goichot, en charge du dossier pour le WWF à Ventiane, la capitale du Laos, de nombreuses interrogations demeurent sur l'impact de ce barrage sur la biodiversité :
« Le projet Xayaburi sur le Mékong est un grave sujet d’inquiétude pour le WWF car de nombreuses incertitudes demeurent sur ses impacts, et les possibilités d’y remédier. Entre autres, les impacts sur les poissons migrateurs – 165 espèces de poissons migrateurs – et sur le transit de sédiments qui soutiennent les habitats, la stabilité des berges et la stabilité du Delta. Delta qui s’érode déjà très rapidement ».
Selon l'organisation, le Laos manque de recul sur les conséquences d'un tel projet :
« La solution proposée par les consultants internationaux qui conseillent le gouvernement du Laos, au nombre desquels figure la Compagnie nationale du Rhône, entreprise française, ne repose que sur très peu de données fiables, souligne Marc Goichot. Et les solutions n’ont jamais été appliquées sur un grand cours d’eau tropical comme le Mékong ».
La construction de la centrale de Xayaburi, projet de 3,8 milliards de dollars mené par le groupe thaïlandais CH Karnchang, est devenu un symbole des risques pesant sur le fleuve.
« La décision de commencer la construction avant que des études complémentaires soient réalisées constitue un énorme risque pour la biodiversité et aussi la population qui dépend des ressources de ce fleuve, rappelle Marc Goichot. Le fleuve, en fait, produit la plus grande pêcherie au monde, la plus productive au monde, qui nourrit 60 millions d’habitants. Il est donc urgent de reporter la construction, jusqu’à ce que des études scientifiques permettent de certifier la faisabilité des solutions ».