Inde: les JO des victimes de la catastrophe de Bhopal

C'est une autre version des Jeux olympiques qui vient d'être inaugurée en Inde, beaucoup moins joyeuse : les JO des victimes de la catastrophe industrielle de Bhopal. Dans cette ville, l’explosion d’une usine chimique, en 1984, avait causé la mort de plus de 15 000 personnes. Et le lien avec les vrais Jeux olympiques ne s'arrête pas là, puisque l'entreprise qui possède le site a été vendue depuis à un géant des produits chimiques, Dow Chemical, un groupe américain, qui est l’un des sponsors officiels des Jeux de Londres. A Bhopal, les familles de victimes condamnent depuis un an ce partenariat et exigent la décontamination du site.

Avec notre correspondant à Bombay, Sébastien Farcis

Ils se sont élancés, eux aussi, pour remporter une médaille. Mais ils l’ont fait en chaise roulante ou aidés d’une personne pour guider leurs jambes faibles. Car les 120 enfants des Jeux olympiques de Bhopal sont tous handicapés, victimes d’avoir simplement bu l’eau du robinet.

Rachna Dhingra est membre du groupe d’information et d’action : « Plus de 25 000 tonnes de déchets toxiques sont toujours entreposés dans l’usine. Ces produits fuient et rentrent dans la nappe phréatique. Les enfants qui boivent l’eau des environs souffrent donc de paralysie cérébrale ou d’atrophie de leurs membres. »

La multinationale américaine Dow Chemical a racheté en 2001 le capital de la compagnie propriétaire du site de Bhopal, mais pas cette usine en tant que telle. Elle estime donc ne pas être responsable des conséquences de cet accident. L’argument est irrecevable pour les victimes.

« Nous avons besoin qu’une étude sérieuse soit faite pour savoir comment évacuer ces déchets. Cela ne demanderait pas des efforts surhumains, mais cette compagnie et notre propre gouvernement doivent se mobiliser pour le faire afin d’éviter de faire de nouvelles victimes »,  s'insurge Rachna Dingra.

Le Comité international olympique (CIO) a signé en 2010 un partenariat de dix ans avec Dow Chemical, et affirme soutenir la position de cette compagnie. 

Partager :