Avec notre correspondante à Phnom Penh, Stéphanie Gee
Plusieurs versions des faits, souvent contradictoires, circulent au lendemain de cet affrontement entre Chhut Vuthy et des représentants de la police militaire qui l'interpellaient, où l'un d'eux a également trouvé la mort.
Difficile de savoir qui a tiré le premier et si Vuthy était d'ailleurs armé. Le fondateur du Groupe de protection des ressources naturelles n'avait de cesse de dénoncer la mise en coupe réglée du patrimoine forestier du Cambodge. Cet ancien militaire ne mâchait pas ses mots et menait ses troupes tel un général en guerre. Patrouilles sauvages, collecte de preuves de pillage de bois, saisies d'outils de bûcheronnage.
Dans sa ligne de mire, l'armée qu'il accusait d'être au cœur de ces opérations de déforestation dans des parcs protégés, qui agissait, répétait-il, pour le compte de compagnies privées et avec la complicité du pouvoir. Ses méthodes peu conventionnelles en comparaison des actions traditionnelles des autres ONG lui ont gagné de nombreux fidèles, des villageois prêts à tout pour défendre ces poumons verts dont leur existence dépend. Par des actions choc, il avait réussi au cours de la dernière année à attirer l'attention des médias sur ce fléau national.