Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Ce ne sont plus des immolations, c’est un incendie protestataire qui ravage les montagnes du Sichuan. A chaque fois, le scénario est le même. Elle s’appelle Tenzin Choezin, elle a 18 ans. Samedi dernier, cette none au temple de Mamae a commencé par crier des slogans contre le gouvernement chinois avant de s’asperger d’essence puis de se mettre le feu.
Lundi, même chose. Il a 19 ans. Lobsang Gyatso arrive dans une rue de la préfecture d’Aba avec un bidon d’essence. Une allumette, et le corps de ce jeune moine du monastère de Kirti s’enflamme immédiatement. Les forces de l’ordre interviennent pour éteindre le feu, en même temps qu’elles le rouent de coups selon l’organisation Free Tibet basée à Londres.
Un signe du climat de tension qui règne dans ces montagnes où la police armée est omniprésent à tous les carrefours comme a pu le constater à Aba, Jonathan Watts. « Tous les 30, à 40 mètres il y a des groupes de policiers », murmure le correspondant du Guardian à Pékin dans une vidéo diffusée sur le site du quotidien britannique. Le journaliste est allongé à l’arrière d’un véhicule. Impossible de se montrer sans être immédiatement arrêté. « Des forces de l’ordre patrouillent avec des extincteurs, d’autres avec des bâtons », racontent-il encore, « je n’ai jamais vu un tel déploiement de sécurité ailleurs en Chine ».
Des policiers qui donnent le bâton et parfois, ouvrent le feu lors de manifestations qui dégénèrent. Les images du Guardian montrent que le nombre des forces de l’ordre et des barrages routiers ont été considérablement renforcés depuis le passage de RFI dans la région en octobre dernier. Ce qui n’empêche pas les tentatives d’immolations de se poursuivre -au moins 15 membres du clergé bouddhiste seraient morts de leurs blessures après s’être immolés dans une région désormais totalement interdite d’accès aux journalistes-. Le gouvernement tibétain en exil craint désormais que la répression ne s’accentue à l’approche du nouvel an tibétain, le 22 février prochain.