Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
C’est officiellement en raison d’un emploi du temps trop serré et du manque de capacité d’accueil que le Nanfang Zhoumo n’a pas pu recevoir comme il était prévu Angela Merkel lors de son passage à Canton. Les explications ne viennent pas de ce groupe de presse connu pour sa liberté de ton, mais des autorités locales elles mêmes.
Cette interview de la chancelière allemande était très attendue, le seul moment peut-être de cette visite où il aurait pu être question des violences récentes dans les zones tibétaines. Pas d’interview à la presse, pas non plus de visite privée des avocats des droits de l’homme.
Maître Shaoping empêché de rencontrer les responsables étrangers
Hier jeudi 2 février 2012 à Pékin, le défenseur du prix Nobel de la paix emprisonné Liu Xiaobo, devait se rendre à une réception à l’ambassade d’Allemagne. Au moment de prendre son manteau, Mo Shaoping a entendu frapper à la porte : « Toc, toc, toc ! » C’étaient les policiers qui sont restés trois heures dans son bureau, dit-il, pour l’empêcher de sortir.
Ce n’est pas la première fois que Me Mo ne peut pas rencontrer les responsables étrangers. L’an dernier, l’avocat n’avait pas pu voir le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé, ni les diplomates allemands et néerlandais de la délégation européenne. En octobre, en revanche, il avait pu s’entretenir avec Gary Locke, le nouvel ambassadeur des Etats-Unis en Chine.
Des autorités bien décidées à faire taire les voix dissidentes
Cette intervention traduit une nouvelle fois les préoccupations sécuritaires des autorités, bien décidées à faire taire les voix dissidentes avant le congrès du Parti communiste et les changements à la tête du pays à l’automne prochain. L’ambassade d’Allemagne ce vendredi n’a pas souhaité faire de commentaires.
La chancelière avait indiqué plus tôt dans la journée avoir eu un « dialogue franc » avec ses hôtes chinois sur la question des droits de l’homme. Angela Merkel devrait rencontrer demain samedi l’évêque de Canton où il sera peut-être question de la liberté du culte.