Avec notre correspondant à New Delhi, Pierre Prakash
Même pour un pays habitué aux accidents liés à l’alcool frelaté, l’ampleur de la tragédie fait, cette fois-ci froid dans le dos. Plus d’une centaine de personnes, dont plusieurs mineurs, sont en effet mortes depuis hier, mercredi 14 décembre 2011, après avoir ingurgité un breuvage manifestement toxique. Une centaine d’autres se trouvent toujours hospitalisées, certaines dans un état critique.
Trop pauvres pour s’acheter de l’alcool de marque, tous ces ouvriers agricoles ou des chauffeurs de rickshaw s’étaient rendus mardi soir dans plusieurs petites échoppes locales du district de Vingt-quatre Parganas, une zone rurale du Bengale occidental à 30 km de Calcutta, près de la frontière du Bangladesh. Presque immédiatement, les premiers symptômes sont apparus (mal de ventre, diarrhées, vomissements) et depuis, le bilan ne cesse de s’alourdir : 120 morts.
Selon les autorités locales, du méthanol aurait été retrouvé sur au moins 20 victimes lors des autopsies, laissant craindre que ce solvant hautement toxique normalement utilisé comme carburant soit à l’origine de la catastrophe.
Dans les campagnes indiennes, les marchands d’alcool ont en effet pour habitude de diluer leurs produits avec tout et n’importe quoi pour augmenter leur profit.
Selon Johnson Edayaranmulah, le directeur du groupe de pression Indian Alcohol Policy Alliance, qui milite pour la mise en oeuvre de politiques responsables en matière de consommation d'alcool, les morts dues à des boissons frelatées sont monnaie courante en Inde. L'origine de cette intoxication meurtrière pourrait être due, selon lui, à une confusion : les producteurs ont pu prendre du méthanol (utilisé comme antigel) pour de l'éthanol, moins toxique.
Quatre personnes ont pour l’instant été arrêtées.