Wukan, le village chinois rebelle ne décolère pas

C'est un village désormais totalement isolé du reste de la Chine. Réseau internet coupé, cordons de policiers aux entrées, depuis dimanche Wukan ne décolère pas. Ce petit village de pêcheurs situé dans la riche province du Guangdong est en proie aux manifestations depuis septembre 2011. Une partie des près de 20 000 habitants contestent les expropriations dont ils ont fait l’objet depuis 1998. Et depuis dimanche, ils accusent les forces de l’ordre d’être responsables de la mort de l’un de leur représentants

Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde

« A bas la corruption », « A bas les corrompus ». Ce n’est plus un village, c’est un calvaire. Pas un poteau, pas une grille, pas un bâtiment de Wukan aujourd’hui où ne figure cette photo en noir et blanc, celle de Xue Jinbo, l’un des treize représentants désignés par les villageois pour négocier avec les autorités.

Arrêté le 8 décembre 2011 après les manifestations, Xue Jinbo est officiellement mort à l’hôpital d’une crise cardiaque dimanche 11 décembre. Une thèse qui a immédiatement déclenché la fureur de la population. « Le corps de notre père portait des ecchymoses, ses joues étaient gonflées », ont redit ce mercredi ses deux enfants qui accusent les policiers de mauvais traitements.

Toute la journée, une musique de deuil a été diffusée dans les haut-parleurs de Wukan. Assis en tailleur, poings levés, des milliers de villageois ont crié leur colère. Les autorités et les familles riches ont déserté. Wukan, le village portuaire, est désormais totalement encerclé.

Pour étouffer la contestation, les livraisons de riz et d’eau ne sont plus permises mais les habitants disent pouvoir tenir une dizaine de jours avec les vivres sur le marché. Selon les manifestants, les fonctionnaires auraient saisi illégalement plus de 400 hectares de terre depuis 1998. « Nous ne bougerons pas tant qu’ils ne les auront pas rendues », déclarait ce matin un internaute.

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