Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
C’est une cuisine à l’étouffée que pratiquent d’ordinaire les dirigeants économiques chinois ; une cuillère de sucre par ici, une pincée de sel par là. Cette fois, signe de l’urgence, il a fallu intervenir à la louche.
Mercredi soir, la Banque centrale a complètement renversé la vapeur en annonçant une baisse de 0,5 % des réserves obligatoires. Autrement dit, en libérant les prêts des banques chinoises, après plusieurs mois de restrictions sur les crédits, destinées à juguler l’inflation. Une manière de souffler sur les braises de la croissance qui a pris un sérieux coup de froid avec la baisse des commandes américaines et européennes. En octobre, les exportations chinoises vers l'Union européenne ont reculé de 2, 87 milliards de dollars, tandis que celles vers les Etats-Unis diminuaient de 1,51 milliards de dollars.
Une manière aussi de rassurer les investisseurs qui craignent un atterrissage brutal de la deuxième économie du monde. Pour de nombreux analystes, ici, le message est clair : « la Banque centrale a perçu le ralentissement de la croissance », affirme Liu Gang de l’Australia & New Zealand Banqing Group.
« L’économie ralentit beaucoup plus vite que prévu et le gouvernement est monté sur le ring pour la soutenir », poursuit Alistair Tonton de l’IHS Global Insight. Car les marchés ne sont pas les seuls à être inquiets. La crise des dettes dans la zone euro est plus grave que la crise de 2008, semblait indiquer ce jeudi Zhu Guangyao, le vice-ministre chinois des Finances. Les dirigeants à Pékin soulignant dans le même temps que ce ralentissement de la production était de toute façon inscrit dans le 12e plan quinquennal. Reste à savoir sur quel rythme.