Avec notre correspondante à Islamabad, Nadia Blétry
Voici la plus grave bavure des forces internationales au Pakistan depuis que la guerre contre le terrorisme a débuté fin 2001. Plusieurs hélicoptéres de l'Otan ont attaqué des positions pakistanaises dans le nord-ouest du pays, tuant de 24 à 28 militaires pakistanais. Du coup, Islamabad réagit avec force.
Le Comité de défense du gouvernement présidé par le Premier ministre a demandé aux Américains de quitter, sous quinze jours, la base aérienne de Shamsi, une base depuis laquelle décollent les drones, c'est-à-dire les avions sans pilotes qui bombardent régulièrement les zones tribales. Islamabad a aussi décidé de fermer les deux routes empruntées par les camions ravitaillant les troupes étrangères basées en Afghanistan. La grande majorité de l'approvisionnement des troupes internationales transite par le Pakistan.
A la suite de cette bavure, le Comité de défense du gouvernement a fait savoir qu'il comptait entièrement revoir sa coopération militaire, diplomatique, politique et de renseignement avec les forces de l'Otan et avec les Etats-Unis.
« Les attaques de ce type sont inacceptables et intolérables » ont encore affirmé les autorités civiles et militaires pakistanaises. Elles assurent qu’il s’agissait d’une opération gratuite et qui ne répondait à aucune provocation. Islamabad dénonce une nouvelle violation de sa souveraineté nationale. Une enquête est en cours.
Les raisons de l’attaque du poste frontière de la zone tribale de Mohmand reste, pour le moment, inexpliquées. Mais ce district tribal, qui jouxte l’Afghanistan et la frontière entre les deux pays, est mal délimité. Les forces de l’Otan, das le passé, ont déjà franchi la frontière en poursuivant des talibans. En 2010, les forces internationales avaient même tué deux soldats pakistanais, ce qui avait créé un tollé dans le pays et avait poussé les Pakistanais à fermer la route d’approvisionnement des camions de l’Otan pendant une dizaine de jours.
Cette nouvelle attaque contre des forces pakistanaises survient, cette fois-ci, dans un contexte beaucoup plus tendu. Le 2 mai 2011, les Etats-Unis avaient profondément humilié l'armée pakistanaise en menant une opération secrète dans le pays pour tuer Oussama Ben Laden.
L'Etat Major pakistanais a fermement condamné cette attaque et indiqué que des mesures nécessaires devaient être prises pour répondre à cet acte irresponsable. De leur côté, les Etats-Unis qui ont un besoin crucial du Pakistan pour mener la guerre en Afghanistan ont réaffirmé l'importance des liens qui les unissent à Islamabad.