Avec notre correspondante à Islamabad, Nadia Blétry
La démission mardi 22 novembre 2011 au soir d’Husain Haqqani, l’ambassadeur du Pakistan aux Etats-Unis, ne devrait pas résoudre les tensions. L’ancien ambassadeur est accusé d’avoir fait remettre à l’amiral américain Mike Mullen une note pour lui demander de soutenir le gouvernement civil pakistanais contre les militaires dont il redoutait un coup d’Etat.
Une note qui, en contrepartie, assurait également aux Etats-Unis qu’Islamabad adopterait des mesures pro-américaines si Washington apportait son aide au pouvoir civil.
Cette affaire survient alors que les relations entre Washington et Islamabad sont très chaotiques. L’opération secrète menée par les Américains pour tuer Oussama ben Laden sur le sol pakistanais en mai dernier a été vécue comme une profonde humiliation par l’armée.
Le départ d’Husain Haqqani, considéré par les militaires pakistanais comme trop pro- américain, ne devrait cependant pas réduire les divergences profondes entre le gouvernement civil et l’armée. D’autant que la question récurrente aujourd’hui au Pakistan est de savoir qui était réellement impliqué dans la rédaction de cette note, et notamment de savoir si le président lui-même pouvait en être l’auteur.
Dans les milieux politiques, en revanche, certains mettent en doute l’origine de cette note que l’amiral Mike Mullen lui-même a refusé de prendre au sérieux. Des interrogations qui ne sont pas de nature à apaiser les relations entre le pouvoir militaire et le gouvernement civil. Ni même à rassurer la communauté internationale sur la stabilité politique du Pakistan, un pays qui est pourtant l’un de ses principaux alliés depuis fin 2001 dans la guerre contre le terrorisme.