Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
La Chine avait 60 jours pour faire appel de sa condamnation, le porte-parole du ministère chinois du Commerce a attendu le 58ème. « La politique de la Chine, a-t-il martelé mercredi, respecte les règles de l’OMC ». Le gendarme du commerce mondial à maintenant trois mois pour donner sa réponse.
Pour les industriels américains et européens, l’envolée des prix du bauxite, du zinc, du magnésium et autre minéraux produit en Chine ont contribué à l’augmentation des prix en bout de chaine sur les produits finis. Tous ces minéraux entrent en effet dans la fabrication des équipements médicaux, des voitures hybrides, des réfrigérateurs et de nombreux matériels électroniques. Les quotas et les droits d’exportation fixés en début d’année par Pékin sur les matières premières auraient donc au final entrainé une « distorsion de concurrence » permettant aux compagnies chinoises de bénéficier de prix plus compétitifs.
« Est-ce que la politique chinoise est juste ? », se demande Mao Yushi, économiste. A court terme elle explique que l’augmentation des taxes à l’exportation peut-être effectivement considérée comme du protectionnisme, mais a long terme c’est la seule façon de préserver les ressources naturelles. La protection de l’environnement est le principal argument avancé par Pékin qui assure 95% de la production des terres rares dans le monde, avec 36% seulement des réserves connues.
Les matières premières jouent le rôle de la main d’œuvre bon marché autrefois. Le fait de restreindre leurs exportations est aussi un moyen pour la Chine de persuader les entreprises étrangères de s’installer dans le pays, avec à la clé un accès plus abordables aux ressources convoitées.