La décision de la Haute Cour de justice australienne, ce mercredi 31 août 2011, est un coup dur pour la politique d’immigration controversée du gouvernement. L’accord bilatéral signé en juillet, prévoyait que 800 demandeurs d’asile, actuellement en Australie, seraient envoyés en Malaisie où leur demande d’asile serait examinée par des représentants de l’ONU. En retour, l’Australie était prête à recevoir sur quatre ans, 4 000 réfugiés (dont beaucoup originaires de Birmanie), se trouvant en Malaisie et dont les demandes d’asile ont été acceptées.
Revers cuisant
L’affaire a été portée en justice par les avocats de deux réfugiés afghans. Leurs défenseurs ont argué du fait que l’accord n’était pas conforme aux devoirs de l’Australie envers les demandeurs d’asile car la Malaisie n’a pas signé la convention sur les réfugiés de l’ONU.
La Haute Cour s’est rangée aux arguments des avocats rappelant que la loi australienne interdisait au gouvernement de désigner un pays comme destination de demandeurs d’asile si ce dernier n’était pas en mesure de leur offrir une protection convenable. D’ailleurs, le Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR), n’avait pas approuvé ce programme d’échange de demandeurs d’asile.
Pour le gouvernement minoritaire de la Première ministre, Julia Gillard, il s’agit d’un sérieux revers alors qu’elle avait mis tout son poids dans la promotion de cet accord australo-malaisien, un moyen efficace soutenait-elle, de dissuader les centaines de demandeurs d’asile venus, grâce à des réseaux clandestins, en bateau du Moyen-Orient et d’Asie pour tenter leur chance en Australie.
Le ministre australien de l’Immigration a exprimé sa vive déception après le jugement de la Haute Cour et il a dit sa crainte de voir les passeurs profiter de l’occasion. Chris Bowen a aussi précisé que l’Australie allait maintenir son engagement d’accueillir 4 000 réfugiés depuis la Malaisie, mais que ce nombre allait probablement être soustrait du contingent que le pays accueillait de manière habituelle.
L’immigration au centre du cercle politique
Mais l’Australie a d’ores et déjà lancé des discussions avec la Papouasie-Nouvelle Guinée avec pour objectif d’obtenir la réouverture d’un centre de rétention sur l’île de Manus fermé en 2004 de même qu’avec l’île-Etat de Nauru où il est question de la remise en état d’un établissement semblable.
Pour le gouvernement travailliste de Julia Gillard, la question de l’immigration reste cruciale. Accusé de laxisme, il espérait avec cet « arrangement malaisien » obtenir le soutien des électeurs à deux ans des législatives. Mais las, les sondages ont vite montré que la manoeuvre ne payait pas et le jugement de la Haute Cour de ce mercredi ne risque pas d’arranger les affaires du Parti travailliste.
Du côté des défenseurs des droits de l’homme, on se réjouit de la décision de la Haute Cour alors que l’organisation humanitaire malaisienne Suaram rappelle que la politique de Canberra sur l’immigration n’est pas bonne parce qu’elle revient à délocaliser une responsabilité qui relève de l’Australie.