Avec notre correspondant à Kuala Lumpur, Vincent Souriau
Au moins 440 personnes ont été arrêtées, selon les autorités malaisiennes, avant même le début des rassemblements. Il suffisait d’avoir sur soi un tee-shirt jaune, la couleur symbole du mouvement, pour être tout de suite menotté et embarqué par les forces de l’ordre.
La manifestation à Kuala Lumpur s’est déroulée dans une ambiance de couvre-feu avec des barbelés montés devant les endroits sensibles, les grandes rues bloquées, des bataillons de forces anti-émeutes. Il y avait aussi des policiers en civil armés de longs bâtons en bois et visiblement prêts à en découdre. Alors pour contrer ce dispositif, les groupes d’opposition avaient choisi de se disperser, d’appeler à manifester dans plusieurs endroits de Kuala Lumpur.
Brandissant un drapeau malaisien, les protestataires scandaient « Reformasi » et « Dieu est grand ». Les manifestants réclamaient notamment une politique pour empêcher les votes multiples ou achetés.
Malgré les gaz lacrymogènes les contestataires ont continué en fin d'après-midi à tenter, en trois groupes, de forcer les cordons de police pour gagner le stade de Merdeka puis le palais royal. Le mouvement s'est terminé par des affrontements sporadiques entre la police et de petits groupes de protestataires. Plus de 1600 personnes ont été arrêtées.
Pourquoi le gouvernement réagit-il avec autant de violence ?
La Malaisie c’est une semi démocratie fermement tenue par la même majorité depuis plus de cinquante ans. Cette coalition au pouvoir ne veut surtout pas laisser l’opposition gagner des points dans l’opinion. Cela a été le cas en 2007 - manifestation géante là aussi - et un an plus tard, score historique des partis d’opposition aux élections générales.
Mais cette fois, la menace est plus sérieuse encore à cause du contexte international. D’une part, il y a l’exemple des révoltes arabes, mais aussi dans la région la percée de l’opposition à Singapour, le résultat des élections en Thaïlande. Tout cela met la pression sur un gouvernement accusé de corruption et critiqué pour sa politique de faveur envers l’ethnie malaise.
Dans ces conditions, pas question de déverrouiller le processus électoral et d’offrir à l’opposition la tenue d’un scrutin anticipé avant l’échéance de 2013.