La manifestation, sous haute surveillante, est organisée par une coalition d'une soixantaine de partis politiques d’opposition et d’organisations non gouvernementales sous la bannière Bersih (« Propre » en malais).
Les organisateurs espèrent rassembler quelque 100 000 personnes. La coalition souhaite marcher vers le palais royal afin de remettre au monarque un texte détaillant et dénonçant les fraudes électorales du mois de mars 2008. Ils réclament que les prochaines élections générales, prévues d'ici 2013, soient libres, équitables et transparentes. Ils revendiquent également un contrôle plus strict du vote par correspondance, l’usage de l’encre indélébile et le libre accès aux médias officiels, ainsi que des mesures pour empêcher l'achat de voix et la fraude.
Les autorités craignent le chaos dans Kuala Lumpur
Les organisateurs ont proposé d’organiser la manifestation dans le stade de la capitale Médéa Stadium, non dans les rues. Mais Andrew Khoo, un des principaux organisateurs, a cependant indiqué qu’aucune autorisation n’avait été accordée.
La police insiste pour que les organisateurs de Bersih choisissent un autre endroit loin de la capitale. Le chef de la police fédérale Ismail Omar juge le stade Merdeka trop proche du centre de la ville. Il craint que la manifestation cause des embouteillages massifs, perturbe les activités commerciales et industrielles, et insiste sur les risques d’émeute.
Interpellations musclées
La police a déjà interpellé quelque 150 personnes au cours de ces deux dernières semaines. La plupart d'entre elles ont été relâchées, sauf six personnes, dont un député de l’opposition. Elles sont détenues dans le cadre d’une loi de sécurité qui autorise la détention sans procès. Les principaux axes de la capitale seront fermés dès samedi matin. La police a obtenu de la justice que 91 personnes, liées à l'opposition, soient interdites d'accès au centre-ville.
Le bras de fer entre les forces de l'ordre malaisiennes et les manifestants semble de plus en plus inévitable. La police a placé des barrages filtrants pour réglementer l'accès à la capitale et menace de poursuites pénales ceux qui participeraient au cortège. Selon le site d'information indépendant Malaysiakini, les journaux ont reçu instruction de ne pas couvrir l'événement.
Andrew Khoo accuse la police d'exagérer la menace et assure que la manifestation serait pacifique. La dernière manifestation d'ampleur s'était déroulée en 2007 et avait été dispersée par la police avec des gaz lacrymogènes.
La Malaisie, Etat fédéral, compte 28 millions d’habitants. Elle est dirigée par le parti Barisan National (Front national) depuis son indépendance en 1957 avec une coalition de 14 partis de plusieurs ethnies. L'opposition commençait à gagner du terrain électoral et avait réalisé une percée importante aux dernières élections en 2008.