Les dettes menacent l’économie chinoise

La Chine est beaucoup plus endettée qu’elle ne le fait croire, révèle Moody’s. L’agence de notation a comparé les chiffres communiqués par les autorités chinoises et les banques, et en a déduit que l’endettement public de la Chine s’élevait à 36% de son produit intérieur brut (PIB), et non pas 20%, selon les chiffres officiels. Ce sont les emprunts des gouvernements locaux qui ont fortement alourdi la dette. Un constat qui jette un froid parmi les investisseurs.

L’exposition des banques chinoises aux mauvaises dettes est pire que ce qui avait été préalablement estimé. La constatation vient de l’agence de notation Moody’s qui a comparé les chiffres publiés la semaine dernière par le Bureau d’audit des comptes chinois et ceux donnés par les banques du pays. Selon l’organisme chinois chargé de certifier les comptes en Chine, 10 700 milliards de yuans (1 140 milliards d’euros) avaient été contractés par les collectivités locales pour l’année 2010. Mais en réalité il faudrait ajouter à cette somme 3 500 milliards de yuans (373 milliards d’euros) supplémentaires que les auditeurs chinois n’ont pas mentionnés dans leur rapport.

Mal documentés, parfois gaspillés, ces « mauvais » prêts exposent les banques au risque de défaut de paiement. Car si les banques créancières venaient à devoir absorber ces pertes, leur capacité de prêt pourrait s’en trouver menacée. Et de lourdes pertes pour les banques signifient un abaissement de leur note.

Les financements douteux

Pour près de la moitié, ces dettes avaient été contractées par les collectivités locales dans la foulée de la crise de 2008. Destiné à garantir la croissance, l’argent a servi pour mener de grands travaux d’infrastructures. Mais pas seulement. Comme les provinces ne sont pas autorisées à emprunter directement aux banques, les sommes affluaient également à travers des structures appelées « plateformes de financement ». Et c’est là qu’un certain flou demeure. Car les prêts ont également alimenté des projets peu rentables, ou pire, ont été engloutis sur les marchés immobilier ou boursier.

Pis encore, certains gouvernements se sont endettés à nouveau pour pouvoir rembourser des dettes contractées antérieurement. Partant du principe que la majorité des prêts alloués par Pékin directement aux gouvernements locaux sont de bonne qualité, Moody’s découvre que l’exposition des banques à ces emprunts est finalement plus forte que prévue, et s’interroge sur la capacité du secteur bancaire chinois à absorber le cas échéant un tel poids financier.

La Chine sera-t-elle bientôt en banqueroute ? Impossible à prédire. Le gouvernement chinois avait déjà commencé à mettre un frein à l'endettement des autorités locales l’été dernier. L’inflation en Chine s’est entre-temps fortement accélérée. Sans doute faut-il s’attendre à un nouveau grand « nettoyage de l’été ».

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