Avec notre correspondant à New-York, Karim Lebhour
La situation alimentaire se dégrade en Corée du Nord. Les rations données par le gouvernement nord-coréen ne sont plus que de 200 g de nourriture par jour. En Europe, seules la Suisse et l’Italie fournissent une aide bilatérale au pays. Katharina Zellweger, présidente de l’Agence suisse de coopération à Pyongyang, est l’une des rares personnes à pouvoir témoigner de la crise alimentaire qui s’y joue.
Elle vit en Corée du Nord depuis cinq ans. Ces derniers mois, ses déplacements dans le pays lui font constater des problèmes de plus en plus graves de malnutrition. L’aide alimentaire mondiale est en baisse. Certains pays donateurs ne veulent pas soutenir le régime de Pyongyang. Conséquence, les Nord-Coréens souffrent de la faim. « On voit plus de gens qui coupent les arbres sur les collines pour planter du maïs ou des patates pour survivre, explique-t-elle. On voit aussi des gens chercher des racines et des herbes comestibles pour manger ».
Dans la capitale Pyonyang, Katharina Zellweger voit apparaître de nouveaux biens de consommation et parle de l'émergence d'une petite classe moyenne. Selon elle, « il y a plus de voitures, les gens s’habillent avec davantage de couleurs. Certaines personnes ont un peu d’argent à dépenser. L’apparition du téléphone portable rend les communications entre les gens plus faciles ». Des communications, malgré tout, très limitées : impossible, par exemple, pour un Nord-Coréen d’appeler à l’étranger. Les soulèvements populaires dans le monde arabe ont été évoqués une seule fois, en quelques paragraphes, dans la presse officielle.
Ce témoignage coïncide avec la diffusion, par la chaîne australienne ABC, d’images vidéo sorties de Corée du Nord par un journaliste. On y découvre que de nombreux enfants sont touchés par la famine mais aussi, pour la première fois, que les effectifs de l’armée eux-mêmes en sont les victimes. « Sur la centaine de soldats que compte mon unité, la moitié souffre de malnutrition », confie ainsi un officier sous couvert d’anonymat. Une situation nouvelle qui pourrait remettre en cause la transition « en douceur » entre Kim Jong-il et son fils Kim Jong-un, voulue par le dictateur.