Les cinq grands pays émergents en sommet en Chine

Le Brics, à savoir le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et, depuis cette année, l’Afrique du Sud, les cinq pays émergents à la croissance la plus dynamique au monde se réunissent en sommet ce jeudi 14 avril 2011 en Chine. La réunion prévue à l’origine pour s’étaler sur deux jours pourrait finalement se limiter à une seule journée dans la station balnéaire de Sanya qui a abrité, en 2010, un sommet moins austère, celui de l’élection de Miss Monde.

Forte de sa place de deuxième économie mondiale, la Chine tient tout naturellement le rôle de locomotive dans ce club restreint en membre mais pesant de plus en plus lourd économiquement et démographiquement. En effet, selon le Fonds monétaire international (FMI), le Brics représentera 61% de la croissance mondiale en 2014 ; il était de 20% en 2003.  Et avant l’apport de l’Afrique du Sud, ils abritaient déjà 40% de la population mondiale.

L’acronyme Bric a été créé par la banque d’affaires Goldman Sachs qui, dans un rapport publié en 2001, soulignait l’importance croissante des quatre premiers pays membres (Brésil, Russie, Inde, Chine) dont le regroupement, estimait la banque, pourrait faire contrepoids au G8 auquel appartient déjà la Russie alors que tous les Brics font partie du G20. Le « s » ajouté cette année, marque l’arrivée de l’Afrique du Sud invitée par la Chine fin 2010 pour le troisième sommet du désormais dénommé Brics. 

Réunis autour du président chinois Hu Jintao dans la station balnéaire chinoise de Sanya, la Brésilienne Dilma Rousseff, le Russe Dmitri Medvedev, le Sud-Africain Jacob Zuma et l’Indien Manmohan Singh ont pour premier objectif d’accroître la portée de leur voix dans le champ politique. Le sommet de ce 14 avril 2011 en est l’occasion avec le tour d’horizon programmé de la situation internationale et plus particulièrement l’examen du conflit libyen. Sur cette question justement le moins que l’on puisse est que les pays du Brics ne parlent pas d’une seule voix.

Trouver un dénominateur commun sur la Libye

Contrairement aux quatre membres d’origine, l’Afrique du Sud a en effet approuvé la résolution 1973 de l’ONU autorisant « toutes les mesures nécessaires » pour protéger les civils en Libye, permettant ainsi les bombardements occidentaux. D’ailleurs Jacob Zuma était en Libye le 10 avril dernier dans le cadre d’une mission de médiation de l’Union africaine. De leur côté, l’Inde, le Brésil, la Chine et la Russie se sont abstenus de voter la résolution 1973, fidèles en cela à leur position d’opposition à toute intervention dans des Etats souverains.

Le sommet doit en principe se clore sur une déclaration conjointe dans laquelle pourrait figurer un appel à un cessez-le-feu, à une solution politique au conflit libyen et une demande à la communauté internationale et aux Nations unies en faveur de mesures humanitaires. Autant de points qui ne remettent pas en question les positions des uns et des autres.

Au chapitre économique, les cinq aborderont la question de leur contribution à la réforme du système monétaire international. Mais selon Pékin, le sommet ne devrait pas mettre sur la table l'épineux sujet du taux de change du yuan, alors que le Brésil s’estime lésé dans ses échanges, pas plus que celui de la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU. Sur ce dernier point, le Brésil et l’Inde souhaitent en devenir membres permanents ; en cela ils sont soutenus par la Russie mais pas par la Chine. « Ce n’est pas le forum approprié pour évoquer ces questions » a tranché M. Wu Hailong, le ministre adjoint des Affaires étrangères chinois.

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