A Fukushima, de nouvelles fumées réalimentent les craintes

Après cinq jours sans nouvel incident notable, des émanations de fumée au-dessus des réacteurs n°2 et 3 ce lundi 21 mars 2011 ont rappelé que la situation à la centrale de Fukushima est encore loin d’être sous contrôle. Si le travail des ingénieurs est encourageant, la menace radioactive est toujours présente.

On croyait la situation à Fukushima sous contrôle. Les six réacteurs de la centrale avaient été connectés à l’alimentation électrique, le système de refroidissement du réacteur n°5 fonctionnait normalement et un responsable de l’Agence de sûreté nucléaire avait annoncé que la salle de contrôle du réacteur n°2 pourrait être remise en service dès aujourd’hui. Des progrès encourageants auxquels le Premier ministre Naoto Kan a réagi en déclarant que les efforts entrepris pour stabiliser la situation de la centrale permettaient de progresser, lentement mais de façon régulière.

Mais à 15h55 heure locale (6h55 TU), l’émanation d’une fumée grise au-dessus du réacteur n°3 a poussé l’opérateur du site, Tokyo Electric Power (Tepco), à ordonner l’évacuation des ouvriers qui se trouvaient à proximité. Gravement touché par une explosion qui a soufflé la partie supérieure du bâtiment, le réacteur n°3 est au centre des préoccupations depuis plusieurs jours. Il est en effet chargé de combustible MOX, mélange d’oxydes d’uranium et de plutonium, dont les rejets sont particulièrement nocifs.
L’émanation s’est arrêtée aux environs de 18h. Mais à 18h20, c’est du réacteur n°2 qu’une fumée – blanche, cette fois-ci – s’est échappée. L’Agence de sûreté nucléaire n’est pas en mesure d’en expliquer la raison. Selon le correspondant de RFI à Tokyo Frédéric Charles, l'agence a accusé ce lundi Tepco d’avoir falsifié des rapports de contrôle de ces installations, pendant une dizaine d’années. L’entreprise a assuré avoir contrôlé des pièces qui n’ont jamais été vérifiées. Tepco a une très longue histoire de dissimulation de ces incidents de falsification, de rapports d’accidents, et aurait dû fermer la centrale de Fukushima bien avant le séisme.

A Fukushima comme à Tokyo, la population est toujours en alerte. Le gouvernement tente de la rassurer en répétant que le niveau de radioactivité présent dans la pluie ou dans l’eau du robinet n’est pas dangereux pour la santé. Mais il a interdit la vente de lait et de deux sortes de légumes verts produits dans quatre préfectures proches de Fukushima en raison d’un niveau anormalement élevé de radioactivité .

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