Airbus: l’Inde donne une nouvelle vie à l’A320

Pour Airbus c'est la plus grosse commande de l'histoire de l'avion civile. Un contrat de 15,6 milliards de dollars, soit 180 appareils A320 pour une compagnie indienne à bas coût, la compagnie « IndiGo ». Elle devient ainsi la compagnie de lancement de la version « remotorisée du best-seller » de l'avionneur européen : l'A320 NEO (New Engine Option), un pari risqué qui semble donc avoir été un pari gagnant.

On attendait une commande de la compagnie malaisienne Air Asia, ou encore des géants américains de la location d’avions, ILFC ou GECAS, c’est finalement la petite compagnie indienne IndiGo qui ouvre le bal. La compagnie à bas coûts née en 2006 exploite déjà des A320 sur les lignes intérieures indiennes. Elle étoffe à présent sa flotte avec 30 appareils supplémentaires pour répondre à la demande croissante dans le secteur du transport aérien en Inde.

Dans ce pays grand comme cinq fois la France, ou le réseau ferroviaire est peu fiable, l’avion a de beaux jours devant lui et les patrons d’IndiGo, Rakesh Gangwal et Rahul Bhatia l’ont bien compris. La jeune compagnie aérienne ne cache pas son ambition et elle voit loin en décidant de commander en même temps, 150 A320 NEO, dont les réacteurs, CFM (coentreprise entre le français Safran et l'américain General Electric) ou de l'américain Pratt & Whitney plus économiques et les derniers raffinements aérodynamiques, (ailerons sur la voilure qui régule l’écoulement d’air en bout d’aile) devraient garantir des économies de carburant de 15%.

L’A320 NEO sera donc un avion plus écologique et surtout plus rentable pour ses exploitants.

Faire du neuf avec du vieux

Pour Airbus, pour qui le coût de développement de l'A320 remotorisé est estimé à 2,5 milliards d’euros, il fallait décrocher une commande importante pour amortir l’A320 NEO dont les premières livraisons devraient avoir lieu au printemps 2016.

L’annonce de la remotorisation du court-moyen courrier monocouloir A320, dont la conception remonte à 1986 a été faite début décembre, moins d’un mois avant la notification officielle du contrat. Sans la commande indienne, Airbus n’aurait peut-être pas relevé le défit, car « greffer » de nouveaux réacteurs sur la cellule existante n’est pas aussi si facile qu’on pourrait le croire. Il faudra renforcer les mâts d’attaches des réacteurs, étudier de nouvelles nacelles pour les réacteurs, et mener ensuite des essais pour valider l’A320 ainsi équipé au sol, et en vol.

Cela devrait mobiliser durant de longs mois les ingénieurs d’Airbus, déjà bien occupés par les études de l’A350XWB et les tests de l’avion cargo A400M.

La concurrence ne suit pas

Dans les années 90, c’est le constructeur américain Boeing qui avait montré la voie, en lançant la remotorisation de son vieux 737. Remplacer les gourmands moteur JT8D par des CFM 56 franco-américain avait été un coup de maître ! L’avion avait connu une nouvelle jeunesse, devenant l’appareil civil le plus populaire au monde avec des 6000 appareils construits toutes versions confondues.

Cette fois-ci le constructeur américain n'est pas aussi enthousiaste. A Chicago, la direction n’a pas encore annoncé sa décision concernant la remotorisation de son Boeing 737. Il faut dire que les modifications seraient encore plus lourdes que celles de l’A320, alors que Boeing consacre en ce moment tout ces efforts à la difficile mise au point de son dernier né le 787 « Dreamliner », plus gros, mais conçu dès l'origine, pour être très économique.

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