Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Le rouge de Changli donne mal à la tête, et pour cause, non seulement ses producteurs ont mis de l’eau sucrée dans leur vin, mais ils lui ont aussi ajouté des colorants et des arômes artificiels. Un peu sur le principe du lait à la mélamine, le produit est coupé avec des adjuvants pour économiser sur la matière première.
Sur la centaine d’entreprises vinicoles de ce comté, une trentaine ont été fermées, plus de cinq mille bouteilles ont été saisies, et ce n’est qu’un début. La course au profit pousse aujourd’hui de nombreux vignerons à utiliser à peine 20 % de raisin dans leur vin, avec un coût de production à la sortie du fût de moins de un yuan, dix centimes d’euros par litre.
Des caméras de surveillance installées par le bureau des contrôles dans les exploitations n’ont rien changé. Les autorités ont fermé les yeux. Selon la chaîne de télévision TTTV, une petite entreprise du Changli aurait ainsi pu distribuer jusqu’à deux millions 400 000 bouteilles frelatées.
Six personnes sont aujourd’hui interrogées. D’autres arrestations pourraient suivre, dans ce scandale qui frappe de plein fouet le Hebei, province autour de Pékin, qualifiée par certains de « Bordelais chinois ».