Séoul sous le choc au lendemain de l’attaque nord-coréenne

La Corée du Sud se réveille sous le choc après le bombardement dans l’après-midi du 23 novembre 2010, d'une de ses îles par la Corée du Nord. Deux soldats sud-coréens ainsi que deux civils sont morts, et on compte un quinzaine de blessés. La violence de l'attaque, le fait que des civils aient été pris pour cible, font de cette agression l'une des plus graves perpétrées par le Nord depuis soixante ans.

Avec notre correspondant à Séoul, Frédéric Ojardias

Ce 24 novembre à Séoul, l'ambiance est à l'inquiétude. L'attaque de mardi a vraiment frappé l'opinion publique, car pour la première fois, ce sont des civils qui ont été visés.
Ce mercredi matin les images que montrent les quotidiens, les journaux télévisés, sont des images de guerre : on y voit les habitations détruites par les bombes, des feux de forêts, les insulaires en fuite, évacués par bateau pendant la nuit. Les habitants restés sur l'île tentaient toujours d'éteindre les incendies, qui ont déjà ravagé 70% des champs et des forêts.

Ces images, la Corée du Sud n'est pas habituée à les voir. Jusque-là, la population avait accueilli les précédentes agressions nord-coréennes avec résignation, fatalisme, parce que celles-ci visaient des soldats. Les civils se croyaient à l'abri. Cependant, l'ambiance n'est pas à l'affolement non plus. Tout le monde est resté calme mais on sent poindre une inquiétude nouvelle.

Peu d’impact sur l’économie

L'attaque était à peine terminée que déjà le ministre des Finances montait au créneau, expliquant que l’impact sur l’économie sud-coréenne serait très limité, que les risques géopolitiques créés par la Corée du Nord avaient toujours existé et que la situation devrait donc bientôt revenir à la normale, ce qui n'est pas faux.

Le torpillage d'un navire sud-coréen par Pyongyang en mars dernier n'avait que très brièvement troublé les marchés financiers. Séoul veut à tout prix éviter d'effrayer les investisseurs étrangers. Les autorités ont mis sur pied une équipe de crise économique, chargée de surveiller de près la situation. Et ce mercredi matin, si la Bourse de Séoul affichait une nette baisse à l'ouverture, elle a rapidement repris, pour une baisse par rapport à la journée d'hier finalement très minime.

La Corée du Sud se veut donc rassurante, mais joue en même temps la carte de la fermeté vis à vis du régime du Nord. Sa première mesure de rétorsion a consisté à suspendre l’aide alimentaire à la Corée du Nord. Dans un geste d’apaisement Séoul avait accepté, il y a quelques semaines, de reprendre ses convois de nourriture au nord. Cela n’a pas duré longtemps.

Sur le plan militaire, le gouvernement sud-coréen vient d’annoncer que des manœuvres militaires conjointes avec les Etats-Unis seraient organisées dimanche en mer Jaune, près de la zone où l’attaque du 23 novembre a eu lieu. Et l’armée américaine va même y déployer un porte-avions nucléaire. Il s'agit pour Séoul et Washington de montrer à la Corée du Nord que leur alliance militaire reste plus solide que jamais et donc, de dissuader, toute nouvelle attaque.

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