Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
C’est la figure du lait à la mélamine qui se retrouve derrière les barreaux. Non seulement Zhao Lianhai a milité pour que soit condamnés les plus hauts responsables de cette intoxication de masse, il est surtout celui qui a permis de donner un visage aux victimes. Grâce à son site d’information, devenu très vite le rassemblement de toutes les colères, le militant a pu organiser des manifestations avec les proches des enfants malades.
C’est d’ailleurs à ce titre qu’il est condamné aujourd’hui. Selon le texte de l’accusation publié sur le blog de son avocat : « la protection du droit des victimes (lui a servi) d’excuse, dit le tribunal de Pékin, pour « provoquer du désordre social (…) en criant des slogans et en organisant des réunions illégales ».
En 2008, 6 nourrissons sont morts, près de 300 000 enfants dont le fils du militant ont souffert de calculs rénaux après avoir consommé les produits Sanlu. La patronne du groupe laitier a été condamnée à la perpétuité, le patron du Bureau de Sécurité alimentaire a démissionné.
Arrêté il y a un an, Zhao Lianhai, lui, n’a jamais cessé de dénoncer le scandale. Pour atteindre les seuils de protéines exigés par Sanlu, la mélamine -utilisée pour la fabrication du plastique ou des fertilisants- a été ajoutée à du lait maternisé. L’affaire était devenue planétaire, cette condamnation prouve à quel point elle avait finit par embarrasser les autorités.
La femme du militant a annoncé qu’ils allaient faire appel de ce jugement.