En Birmanie, des élections entachées de fraudes

Les Birmans ont fini de voter depuis plus de 24h et les résultats officiels ne sont toujours pas tombés. Des résultats dont on n’ignore pas grand-chose, au fond : le parti des militaires était assuré de l’emporter. Ce qui est clair, également, c’est qu’il y a eu de la fraude dans plusieurs bureaux de vote. Difficile d’en connaître l’ampleur, mais plusieurs candidats d’opposition ou sans étiquette en parlent.

Avec notre correspondant à Rangoon, Rémy Favre

Il a déjà fait cinq ans de prison pour des raisons politiques. Il s’appelle Kaung Myint Htut et se présentait dimanche 7 novembre 2010 face au maire de Rangoon pour conquérir un siège à la chambre basse. Il n’appartient à aucun parti politique.

En se promenant dans les 200 bureaux de vote de sa circonscription (il n’a pas pu tous les visiter), il a rencontré une électrice qui n’a pas pu voter.

« On lui a demandé de quitter immédiatement le bureau de vote. Je crois que les scrutateurs voulaient collecter des bulletins vierges pour pouvoir voter pour leurs hommes. »

A 16h, il essaie d’assister au dépouillement.

« Nous n’avons pas été autorisés à entrer dans le bureau de vote. La porte était fermée mais nous pouvions voir ce qu’ils faisaient à l’intérieur. Ils étaient silencieux. Normalement, un dépouillement, ce n’est pas silencieux. Les scrutateurs doivent annoncer haut et fort le nom du candidat et montrer le bulletin aux gens. Mais au bureau de vote 17, ils n’ont pas fait cela. C’est très clair si vous dites que c’est de la triche, je réponds bien sûr, et je vous dis que c’est même plus que de la triche. »

Kaung Myint Htut a décidé de ne pas porter plainte car, en Birmanie, une plainte électorale est payante.

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