En France, le mouvement de contestation contre la réforme des retraites entame sa quatrième semaine de mobilisation et au Chili aussi, la population se mobilise et réclame la fin du système de retraites privatisé chilien. Au lieu d'avoir un système de retraites par capitalisation individuelle, les Chiliens veulent un système par répartition.
Ce que la France et le Chili ont en commun, comme beaucoup d'autres pays, c'est le fait de devoir faire face au vieillissement de la population. Mais c'est à peu près tout, explique Emmanuelle Barozet, professeure de sociologie à l'université du Chili et chercheuse au centre d'études de conflits et cohésions sociales.
« À mon sens, il y a beaucoup plus de différences entre les deux pays que de points communs. En France, le débat est bien connu, on a eu des années plutôt favorables pendant longtemps, et là on vit une dégradation générale des services publics et du système de solidarité. Alors qu'au Chili, il n’y a jamais eu de système solidaire. Nous assistons ces dernières années à la sortie du marché du travail de la génération qui a commencé à cotiser dans le nouveau système sous la dictature. »
Pour la professeure en sociologie, les deux problématiques sont un peu différentes : « Car en France, l'on perd tout ce que l'on avait, alors qu'au Chili on ne l'a jamais eu. Mais on voit les conséquences du système qui a été mis en place sous la dictature de Pinochet. »
Quand retraite rime avec pauvreté
Au Chili, la promesse générale qui a été faite à l’époque, c'était un système qui devait effectivement donner de très bonnes retraites. Mais à l’arrivée, à la retraite de la première génération, ce sont en réalité des retraites de misère, rappelle la chercheuse.
« C’est un système qui fait que la plupart des gens, au moment de prendre leur retraite, tombent dans la pauvreté », dit-elle.
La problématique est nettement plus dramatique au Chili qu’en France, même si en France il ya beaucoup de retraités en situation de pauvreté ou très proches de la pauvreté.
Mais le processus au Chili pourrait être plus long qu'en France, car un certain nombre de réformes, dont celle des retraites, ne peut pas se faire avant un changement de la Constitution.
En France, le gouvernement reste déterminé à remplacer les 42 régimes de retraite existants par un « système universel » par points, et à instaurer un âge pivot à 64 ans, assorti d'un bonus-malus.
La mobilisation contre la réforme des retraites est désormais la plus longue qu'ait connue la France depuis 1995.