Blocages, manifestations et altercations... Le conflit, qui divise la société bolivienne entre soutiens du président au pouvoir depuis 2006 et l'opposition, s'amplifiait mardi, après la journée de lundi qui a enregistré plus d'une trentaine de blessés dans trois villes du pays, Santa Cruz, Cochabamba et La Paz.
Après avoir gagné lundi la capitale du pays, les tensions se sont déplacées mardi vers Cochabamba, dans le centre, bastion électoral du chef de l'État. Les affrontements entre mineurs acquis à la cause du président socialiste et opposants à Evo Morales ont fait de nombreux blessés, selon des médias locaux.
L'ONU appelle à la pacification
Les Nations unies ont réagi mardi, appelant à la « pacification immédiate » et exprimant leur « profonde préoccupation après les actes graves de violence en divers endroits du pays et (...) les affrontements entre civils ».
Mardi 29 octobre au matin, le vice-président Alvaro Garcia Linera a invité Carlos Mesa à participer à un « audit » électoral mené par l'Organisation des États américains (OEA) afin d' « éclaircir les doutes » sur « une supposée fraude » et ainsi calmer le jeu.
Carlos Mesa invité à prendre part à un audit électoral
« De la manière la plus transparente, la plus sûre et la plus confiante possible en la souveraineté du peuple, nous avons demandé un audit international. Nous avons invité l'Organisation des États américains et nos pays frères, afin de lever le moindre doute propagé par la campagne malintentionnée du candidat malheureux à l'élection, du candidat d'opposition perdant, qui refuse d'accepter la décision souveraine du peuple bolivien. Et pour donner corps dans les prochaines heures, les prochains jours, à cet audit international, nous souhaitons aujourd'hui demander à M. Carlos Mesa, le candidat perdant, qu'il participe à l'audit que va mener l'OEA, accompagnée du Mexique, du Paraguay, du Pérou et d'autres pays frères », a déclaré Alvaro Garcia Linera.
L'opposition, qui dénonce « une fraude électorale » et réclame l'annulation du scrutin, a décrété une grève générale débutée mercredi qui paralyse au moins deux villes, Potosi et Santa Cruz, capitale économique et bastion de l'opposition.
La crédibilité du Tribunal électoral en question
« Évidemment, nous ne reconnaissons pas les résultats du Tribunal suprême électoral, qui est une institution pas crédible, qui est une honte pour notre pays et pour toute l'Amérique latine. Si nous nous basons sur les résultats de l'audit de l'OEA, alors je demande au gouvernement s'il serait prêt à accepter la conclusion que les résultats ne sont pas acceptables. Nous demandons que le gouvernement soit prêt à faire marche arrière, a répondu Carlos Mesa. Si le gouvernement est d'accord pour accepter le caractère contraignant de l'audit, alors nous ne sommes pas contre cet audit, car nous croyons que c'est la conséquence logique de l'OEA ».
Ce Tribunal suprême électoral, dont le vice-président Antonio Costas a démissionné, est au cœur d'une polémique. Les premiers résultats partiels publiés le soir de l'élection ouvraient la voie à un second tour - fait inédit pour Evo Morales - mais après 24 heures de flottement, le tribunal avait publié de nouveaux chiffres et finit par proclamer la victoire du président sortant.
(Avec AFP)