Avec notre correspondante à La Paz, Alice Campaignolle
En Bolivie, où le vote est obligatoire, tous les citoyens se rendront aux urnes ce 20 octobre pour décider de reconduire pour un nouveau mandat Evo Morales, président depuis maintenant plus de 13 ans ou d'opter pour le changement politique, synonyme d’incertitude.
Les indécis sont encore nombreux selon les enquêtes, comme Gabriela qui ne sait pas encore pour qui voter. « On ne peut pas s’empêcher de penser que si le gouvernement change, il va y avoir une crise, explique-t-elle. Mais à la fois, c’est très frustrant de se dire qu’il va rester au pouvoir. Alors franchement, je ne sais pas pour qui voter ».
Les indéterminés feront peut-être basculer ce vote. Evo Morales ira peut-être au second tour, ce qui ne lui est encore jamais arrivé. Alors qu’il gagnait jusqu’ici avec des scores étourdissants, jusqu’à 64% des suffrages, aujourd’hui les sondages l’annoncent, certes en première position, mais avec « seulement » 36% des voix.
Usure du pouvoir ?
La raison de cette baisse de popularité ? Un ras-le-bol chez une partie des citoyens, à cause de la corruption, du système de santé défaillant mais surtout à cause du non-respect des règles démocratiques. Le président se présente aux élections alors que les Boliviens lui avaient dit « non » en 2016, lors d’un référendum pour un quatrième mandat, résultat qu'il avait choisi d'ignorer. 2019 pourrait donc s'avérer l’élection de trop pour Evo Morales.
Premier président indien aymara élu en 2006, il avait suscité une vague d'espoir et d'ouverture dans le pays. Mais après trois mandats à la tête de l'État, il est accusé d'autoritarisme et de corruption par ses détracteurs. L'opposition, pourtant divisée, espère un second tour et mise sur l'usure du pouvoir. Mais pour le ministre de l'Économie Luis Arce Catacora, Evo Morales a apporté beaucoup de prospérité au pays, ce qui se traduira forcément dans les urnes.
« L'usure dont on parle est fabriquée de toutes pièces, elle est générée par cette classe sociale dominante qui a été sortie du pouvoir il y a treize ans et qui veut revenir aux affaires, déclare-t-il. Nous pouvons commettre des erreurs, cela arrive à tout gouvernement, c'est normal. Mais aujourd'hui, la Bolivie a des industries, nous avons industrialisé la filière du gaz, nous avons deux usines de pétrochimie, nous développons une industrie du lithium, et la Bolivie est en train de sortir de la pauvreté. C'est aussi ce que le peuple bolivien apprécie ».
« Peut-être qu'il y a une impression que cela dure depuis trop longtemps, qu'il faut changer le président, poursuit Luis Arce Catacora. Mais ce que les gens ne veulent pas changer, c'est le rythme de croissance de l'économie, la stabilité économique, la stabilité politique et sociale que nous avons eue au cours de ces treize dernières années. C'est pour cela que je dis : on en reparlera après l'élection, car les gens vont penser à ce qu'ils vont voter en fonction de ce qu'il leur reste au fond de leur poche ».
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