Brésil: Jair Bolsonaro et ses fils, le clan des extrêmes

Si le président brésilien Jair Bolsonaro s’est distingué récemment par ses propos outranciers à l’égard d’Emmanuel Macron ou de l’ancienne présidente chilienne Michelle Bachelet, son entourage défraie également la chronique. Avec notamment un clan familial et des enfants qui jouent un rôle actif en politique.

Avec notre correspondant à São Paulo, Martin Bernard

Jair Bolsonaro a cinq enfants, et les trois plus grands sont vraiment engagés en politique, et jouent un rôle très important auprès de leur père. Ils ont tous les trois une trentaine d’années, et leur père les a surnommés «1, 2, et 3». Sans doute une habitude militaire de l’ancien capitaine Bolsonaro.

Commençons par le numéro 2, Carlos Bolsonaro, qui est surnommé « pitbull ». Il vient de déclarer: « Dans le système démocratique, la transformation dont a besoin le Brésil ne se produit pas à la vitesse souhaitée, en admettant qu’elle se produise ». Ces déclarations ont suscité un tollé général. Même le vice-président, Hamilton Mourao, qui est un général, a condamné ces propos qui remettent en cause la démocratie, près de 35 ans après la fin du régime militaire.

Le président de l’ordre des avocats, Felipe Santa Cruz, dont le père avait disparu sous la dictature et qui avait été raillé et moqué par Bolsonaro-père, a estimé qu’il n’était « pas possible de tolérer une famille de dictateurs ». Carlos Bolsonaro est conseiller municipal de Rio depuis près de 20 ans et il n’est pas le seul fils du président à avoir obtenu un mandat politique.

Un numéro 1 discret…

Eduardo Bolsonaro, le « 3 » dans le langage codé de la famille, est actuellement député, mais il est promis à un bel avenir puisque son père veut le nommer ambassadeur du Brésil aux États-Unis. Il est très proche de Donald Trump. Il y a même eu une scène cocasse lors d’un entretien entre Donald Trump et Jair Bolsonaro il y a quelques mois : le ministre brésilien des Affaires étrangères a été contraint de se retirer, alors que lui, Eduardo Bolsonaro, est resté. Mais Eduardo Bolsonaro n’a aucune expérience en diplomatie, et son éventuelle nomination fait grincer beaucoup de dents. Eduardo Bolsonaro défraie la chronique parce qu’il est apparu cette semaine aux côtés de son père, qui se remet d’une opération à l’hôpital, en portant un revolver à la ceinture. La photo choc a fait le tour des réseaux sociaux. Le lendemain, Eduardo Bolsonaro est apparu au siège du patronat de Rio, encore une fois avec une arme !

Enfin, le numéro 1, le fils aîné Flavio, est actuellement sénateur. Il est plus discret, surtout depuis que l’opposition l’a accusé d’avoir des liens indirects avec la milice de Rio. Il y a un donc un véritable clan Bolsonaro autour du président. Un clan qui a une forte influence sur le pouvoir, qui utilise systématiquement les réseaux sociaux pour relayer son message, et qui semble tester les limites de la démocratie.